Auteurs : Johnathan Mack, M.D., M.Sc., FRCPC; Irena Gordon; Rob Romans; Kathryn Webert, M.D., FRCPC; Shuoyan Ning, M.D., FRCPC, DRCPSC; Michelle Zeller, M.D., FRCPC, DRCPSC
Principaux publics cibles : médecins spécialistes en transfusion, médecins non spécialistes en transfusion, personnel infirmier, technologues de laboratoire travaillant dans un laboratoire d’hôpital
REMARQUE : Dans le cadre de la transition qu’opère la Société canadienne du sang vers la constitution de réserves de composants sanguins à teneur réduite en agents pathogènes, les restrictions actuellement imposées sur l’utilisation d’Octaplasma seront levées et le produit pourra être commandé à compter du 27 mars 2023. Cette foire aux questions, créée en collaboration avec Octapharma, se veut une aide pour les hôpitaux qui font la transition vers le plasma à teneur réduite en agents pathogènes et se fonde sur les données disponibles au moment de sa publication. Pour plus d’informations, consultez voir Plasma traité au solvant-détergent (Octaplasma).
Octaplasma est un plasma humain spécifique à chaque groupe sanguin, destiné à la transfusion et dont les agents pathogènes ont été inactivés. Fabriqué par Octapharma à partir de plasma source prélevé aux États-Unis au moyen d’une méthode d’inactivation des agents pathogènes au solvant-détergent, ce produit constitue une solution de remplacement des composants plasmatiques congelés (non traités) que fabrique la Société canadienne du sang (p. ex. le plasma congelé prélevé par aphérèse et le plasma congelé), sans les risques d’infection par des virus à enveloppe qui y sont associés.
Octaplasma est administré à certaines catégories de patients au Canada depuis 2011. Il est déjà très utilisé en Europe depuis plusieurs dizaines d’années et certains pays (Norvège, Suède, Finlande, Royaume-Uni, Pays-Bas) en ont fait le principal produit plasmatique de transfusion.
La monographie d’Octaplasma comporte une description du produit, de l’information sur l’étiquetage, le conditionnement, l’entreposage et la décongélation, ainsi que d’autres détails. Consultez systématiquement la monographie du produit pour obtenir les informations les plus à jour. À compter de la fin février, vous pourrez aussi consulter ces informations en ligne, au www.octaplasma.ca. Si vous souhaitez recevoir des mises à jour régulières, inscrivez-vous sur le site Web.
Certains types de maladies infectieuses peuvent se transmettre par transfusion de composants sanguins et de produits dérivés du plasma. La sélection des donneurs et les analyses effectuées sur le sang de chaque donneur ont considérablement diminué le risque de transmission de maladies infectieuses par transfusion. Le procédé de fabrication d’Octaplasma comporte plusieurs étapes spécifiques ciblant différents agents pathogènes. L’une de ces étapes, le traitement du plasma au solvant-détergent, réduit encore davantage le risque en inactivant les virus à enveloppe (p. ex. le virus de l’immunodéficience humaine [VIH] ou les virus des hépatites B et C [VHB et VHC]) susceptibles d’être transmis par transfusion.
Bien que le traitement au solvant-détergent n’agisse pas sur les virus sans enveloppe (hépatite A [VHA], parvovirus B19), la mise en commun du plasma réduit la potentielle charge virale par dilution et apporte des anticorps neutralisants. Dans le cadre de ce traitement, une filtration stérile permet d’éliminer les leucocytes, tandis qu’une colonne d’affinité élimine les prions — une mesure de sécurité jugée efficace pour éliminer le prion responsable de la variante de la maladie de Creutzfeld-Jacob (vMCJ).
On réduit la teneur en agents pathogènes en mettant en commun les dons de plasma de 630 à 1 520 donneurs1. Le mélange de plasma est traité avec une combinaison de tri(n-butyl)-phosphate (TNBP) 1 % et d’octoxynol 1 %. Les adjuvants (solvant et détergent) sont ensuite extraits à l’huile de ricin et en phase solide. Après la filtration stérile, on remplit une poche de sang stérile de 200 ml d’Octaplasma.
Tous les donneurs de plasma sont soumis à une sélection visant à détecter les risques et les antécédents de maladies infectieuses, et doivent remplir les critères d’admissibilité au don. Des tests de dépistage du VHB, du VHC et du VIH sont effectués sur chaque don de plasma. Les mélanges de plasma sont analysés pour détecter l’antigène de surface de l’hépatite B et les anticorps anti VIH-1 et VIH-2; un test des acides nucléiques est aussi réalisé pour les virus des hépatites A/B/C/E, le VIH et le parvovirus B19.
Le volume de chaque unité d’Octaplasma est de 200 ml, soit un volume inférieur à celui des unités de plasma congelé (non traité), qui est d’environ 289 ml pour le plasma congelé et de 249 ml pour le plasma frais congelé. Il n’est pas prévu d’augmenter le volume des unités d’Octaplasma. Contrairement aux unités actuelles de plasma congelé (non traité), la taille des unités d’Octaplasma reste uniforme; elles ont toutes un volume de 200 ml.
Octapharma met en commun du plasma humain avant de procéder au traitement au solvant-détergent, de sorte que chaque unité d’Octaplasma contient du plasma de plusieurs donneurs. À l’inverse, les unités de plasma congelé (non traité) fabriquées par la Société canadienne du sang proviennent d’un même donneur (voir le chapitre 2 du Guide clinique de la pratique transfusionnelle).
Chaque unité d’Octaplasma possède une quantité uniforme et standard de facteurs de coagulation, ce qui n’est pas le cas avec le plasma d’un seul donneur, puisque le taux de facteurs de coagulation peut varier d’un donneur à l’autre. Dans une unité d’Octaplasma, tous les facteurs de coagulation sont présents en une concentration minimale de 0,5 UI/ml. La teneur en protéine S et en inhibiteur de la plasmine (alpha2-antiplasmine) est inférieure dans Octaplasma par rapport au plasma congelé (non traité). Le traitement au solvant-détergent réduit la concentration en lipides et en lipoprotéines.
Le plasma congelé (non traité) restera disponible dans un premier temps. Tous les hôpitaux seront invités à planifier au moins un passage partiel à Octaplasma. Les restrictions d’accès à Octaplasma seront levées à compter de mars 2023 et d’ici septembre 2023, le passage au plasma à teneur réduite en agents pathogènes devrait être presque complet (au moins 80 % d’Octaplasma, bien que les hôpitaux puissent opter pour un pourcentage plus élevé, jusqu’à 100 %). Cet objectif dépendra de l’expérience des hôpitaux au fur et à mesure de l’augmentation du recours à Octaplasma.
À terme, la Société canadienne du sang souhaite que la majorité de ses réserves en plasma soit constituée de plasma à teneur réduite en agents pathogènes destiné à la transfusion. Pour ce faire, elle utilisera une combinaison d’Octaplasma et de plasma traité au moyen d’une autre technologie de réduction de la teneur en agents pathogènes (similaire à celle qui permet d’obtenir des plaquettes à teneur réduite en agents pathogènes). Vous recevrez plus de renseignements à ce sujet dès qu’ils seront disponibles.
Après sa décongélation, Octaplasma peut être conservé jusqu’à 5 jours à une température de 2 à 8 °C, ou jusqu’à 8 heures à température ambiante (20 à 25 °C).
À mesure que les hôpitaux feront la transition vers Octaplasma, le plasma autrefois utilisé pour fabriquer du plasma destiné à la transfusion sera envoyé à l’une des entreprises de fractionnement sous contrat avec la Société canadienne du sang. Il y sera transformé en protéines plasmatiques que la Société mettra à la disposition des patients canadiens.
Oui. À terme, la Société canadienne du sang disposera de deux types de plasma à teneur réduite en agents pathogènes pour les patients canadiens :
Le traitement au solvant-détergent n’élimine pas les anticorps ABO. Les dons de plasma de même groupe sanguin seront mis en commun dans le cadre de la fabrication d’Octaplasma, et le groupe sanguin sera indiqué sur chaque poche. Pour éviter les réactions transfusionnelles hémolytiques, il faudra déterminer le groupe sanguin du receveur et n’administrer que de l’Octaplasma compatible.
Nous avons joint Octapharma, qui nous a fourni les données suivantes au sujet des titres d’anticorps dans les différents groupes sanguins d’Octaplasma :
Voici les fourchettes d’anticorps anti-A et anti-B dans Octaplasma :
Le fabricant n’a pas l’intention d’indiquer les titres sur les étiquettes de chaque poche.2
L’actuelle monographie du produit préconise d’utiliser des unités d’Octaplasma du groupe sanguin du patient ou du groupe AB lorsqu’on ignore le groupe sanguin du patient.
Les composants plasmatiques congelés (non traités) du groupe A fabriqués par la Société canadienne du sang seront étiquetés « Faible titre d’anticorps anti-A/B » s’ils répondent aux critères correspondants. Pour en savoir plus sur le test des titres d’iso-hémagglutinines (anti-A/anti-B) des donneurs effectué par la Société canadienne du sang, lisez notre FAQ.
Il est possible de constater la présence de particules dans le produit lors de la décongélation, en particulier en présence d’un bloc de plasma congelé. Ces particules devraient se dissiper à mesure que le plasma se réchauffe. Bien que les méthodes de décongélation puissent varier d’un établissement à l’autre, il est recommandé de s’assurer que le produit est complètement décongelé et qu’il n’y a plus aucune particule visible avant son administration. Pour plus d’informations, consultez la lettre aux clients 2017-07 et les instructions d’Octapharma. Pour connaître les différentes méthodes de décongélation d’Octaplasma, reportez à la monographie du produit.
La mise en commun du plasma des donneurs normalise les quantités de facteurs d’Octaplasma, ce qui permet de réduire la variabilité des quantités de facteurs d’une unité à l’autre. Les quantités de facteurs dans Octaplasma se situent dans les fourchettes mesurées dans du plasma frais congelé (PFC), à l’exception de l’inhibiteur de la plasmine, dont la concentration a été réduite. Consultez le tableau comparant les caractéristiques d’Octaplasma à celles du PFC dans la monographie du produit.
Après décongélation, Octaplasma doit être administré par intraveineuse au moyen d’un équipement de perfusion standard équipé d’un filtre. Le débit de transfusion doit tenir compte des facteurs de risque propres au patient en matière de surcharge volémique. Pour éviter la toxicité du citrate, les débits de transfusion ne doivent pas excéder 1 ml/kg/minute. Il est possible d’administrer du citrate de calcium ou du gluconate pour traiter des symptômes imputables à la toxicité du citrate, mais il faut alors utiliser une autre veine que celle utilisée pour la perfusion d’Octaplasma afin d’éviter la coagulation.
Octaplasma peut être administré avec des globules rouges et des plaquettes. Il ne faut pas mélanger ou administrer par la même veine qu’Octaplasma les solutions contenant du calcium ou tout autre médicament.
Octaplasma et le plasma congelé (non traité) décongelé peuvent être administrés par la même veine, à condition que la tubulure ne soit pas périmée.
Aucune étude spécifique n’a été menée sur l’utilisation d’une pompe à perfusion rapide pour Octaplasma.
Toute manipulation (p. ex. répartition en aliquotes ou utilisation en vue de préparer du sang total reconstitué) de ce produit en dehors de ce que prescrit la monographie du produit doit respecter les politiques de l’hôpital et les exigences réglementaires applicables.
Les indications sont similaires à celles des composants plasmatiques congelés (non traités), à savoir :
thérapie de remplacement chez les patients ayant des déficits complexes en facteurs de coagulation pour traiter ou prévenir les saignements (p. ex. avant des procédures effractives ou dans le cadre d’un protocole d’hémorragie massive);
liquide de substitution dans les procédures d’échange plasmatique thérapeutique;
traitement de substitution d’urgence chez les patients présentant un déficit en facteur de coagulation lors de situations particulières ne permettant pas un diagnostic de laboratoire précis, ou lorsqu’un concentré de facteur de coagulation spécifique n’est pas disponible;
inversion rapide des effets d’un antagoniste de la vitamine K (en cas d’indisponibilité d’agents d’inversion directs).
Le fabricant recommande une dose de départ de 12 à 15 ml/kg de poids corporel du receveur, ce qui devrait augmenter les taux de facteurs de coagulation de 25 %. Cela représente 5 à 6 unités environ pour un patient pesant 80 kg. Il convient d’ajuster la dose en fonction de l’état clinique du patient. L’administration de doses plus élevées augmente le risque de surcharge circulatoire liée à la transfusion. Pour surveiller la réponse, il est possible d’utiliser le temps de prothrombine et le temps de thromboplastine partielle activée.
Le traitement au solvant-détergent rend les virus à enveloppe inactifs, ce qui constitue un filet de sécurité supplémentaire s’ajoutant à la sélection des donneurs et aux tests de dépistage.
La mise en commun du plasma normalise les concentrations en facteurs de coagulation dans les unités d’Octaplasma, rendant le profil de coagulation de chaque lot d’Octaplasma plus fiable.
En outre, la mise en commun du plasma dilue les anticorps, les allergènes et les cytokines présents dans les dons de plasma individuels. La littérature fait état d’une réduction du taux de réaction allergique avec Octaplasma par rapport au plasma congelé (non traité).1,3-5 L’utilisation d’Octaplasma pourrait réduire le risque de syndrome respiratoire aigu post-transfusionnel (TRALI), bien que de rares cas aient été observés avec ce produit.6
Les mêmes réactions transfusionnelles indésirables associées aux transfusions de plasma congelé (non traité) sont susceptibles de se produire avec Octaplasma, notamment des réactions allergiques mineures et sévères, une surcharge circulatoire liée à la transfusion, le TRALI, des réactions hémolytiques et la toxicité du citrate. Toutefois, la littérature existante semble indiquer que le risque de réactions allergiques et de TRALI pourrait diminuer avec Octaplasma par rapport au plasma congelé (non traité).1,3-5,7
Le traitement au solvant-détergent rend les virus à enveloppe inactifs, mais il n’est pas efficace contre les virus sans enveloppe. Le procédé de fabrication d’Octaplasma utilise des mélanges de plasma, ce qui augmente l’exposition aux virus présents dans le sang des donneurs. Toutefois, la mise en commun du plasma permet de diluer les dons individuels. La présence d’anticorps neutralisants contre le virus de l’hépatite A et le parvovirus B19 pourrait limiter le risque d’infection par ces virus sans enveloppe. Outre le traitement au solvant-détergent, Octaplasma passe par plusieurs étapes de chromatographie par filtration sur gel et par affinité (ligand). L’utilisation clinique d’Octaplasma a démontré une réduction considérable des réactions indésirables graves (voir Krusius et al., 2010).1
De faibles quantités de TNBP (< 2,0 µg/ml) et d’octoxynol (< 5,0 µg/ml) sont présentes, outre le dihydrogénophosphate de sodium dihydraté (0,06–0,24 g) et la glycine (0,80–1,20 g). Les études animales n’ont pas montré de toxicité de ces adjuvants lors de l’administration de doses d’Octaplasma équivalentes à celles utilisées chez les humains.
La prise en charge des réactions présumément liées à l’administration d’Octaplasma doit suivre les recommandations relatives aux réactions indésirables aux composants sanguins habituels.
La Société canadienne du sang classe Octaplasma dans la catégorie des protéines plasmatiques et produits connexes. Par conséquent, en plus du signalement volontaire des réactions présumées ou confirmées au Système de surveillance des incidents transfusionnels (SSIT), en vertu du Règlement sur les aliments et drogues, les hôpitaux sont tenus de signaler une réaction indésirable grave liée à une transfusion de protéine plasmatique ou d’un produit connexe au Programme Canada Vigilance de Santé Canada dans les 30 jours civils suivant la date du premier signalement à l’hôpital. Il faut aussi envoyer un rapport au fabricant (Octapharma). Il convient de signaler également les groupes de cas de réactions mineures à Santé Canada et au fabricant. Consultez le guide de déclaration des réactions transfusionnelles indésirables de la Société canadienne du sang pour en savoir plus.
Pour signaler les réactions indésirables au Programme Canada Vigilance, vous avez trois possibilités :
En ligne, au www.santecanada.gc.ca/medeffet.
Par téléphone, au 1 866-234-2345 (numéro sans frais).
En remplissant un formulaire de déclaration de Canada Vigilance et en l’envoyant par télécopieur, au 1 866 678-6789 (no sans frais), ou par la poste, à l’adresse suivante : Programme Canada Vigilance, Bureau de la surveillance des produits de santé et de l’épidémiologie, Direction des produits de santé commercialisés, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada, Indice de l’adresse : 198C, Ottawa (Ontario) K1A 0K9.
Vous trouverez des étiquettes de port payé, le formulaire de déclaration de Canada Vigilance et les lignes directrices de déclaration des effets indésirables sur le site Web de MedEffet Canada, au www.santecanada.gc.ca/medeffet.
Les rappels de produit émis par Octapharma mentionneront le numéro de lot du produit et le numéro d’identification unique ISBT 128 des unités.
Octapharma n’a, pour le moment, pas l’intention de fournir le numéro de lot sous forme de code à barres.
Cette publication fournit de l’information sur Octaplasma — un plasma humain spécifique à chaque groupe sanguin, destiné à la transfusion et dont les agents pathogènes ont été inactivés — tirée de la monographie du produit et des données que procure la littérature.
Le personnel des banques de sang pourra imprimer cette synthèse clinique d’une page et la fournir avec les unités d’Octaplasma envoyées aux fins de transfusion.
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Il est possible de télécharger cette présentation PowerPoint et de l’utiliser dans des présentations. Il donne aux professionnels de la santé une vue d’ensemble sur Octaplasma, notamment ses caractéristiques, son innocuité, ses indications et contre-indications, ainsi que les avantages de la méthode d’inactivation des agents pathogènes.
Il est possible de télécharger cette présentation PowerPoint et de l’utiliser dans des présentations. Il donne aux professionnels de la santé les informations cliniques sous une forme abrégée qui souligne les points clés concernant Octaplasma.
Il est possible de télécharger cette présentation PowerPoint et de l’utiliser dans des présentations. Il donne aux technologues de laboratoire une vue d’ensemble sur la monographie d’Octaplasma, notamment les points clés sur l’étiquetage, le conditionnement, l’entreposage et la décongélation.