Auteurs: Shuoyan Ning, MD, FRCPC, DRCPSC; Bryan Tordon, MD, FRCPC; Michelle Zeller, MD, FRCPC, DRCPSC; Waseem Anani, MD
REMARQUE : Cette présentation reflète les données disponibles au moment de sa publication. Elle porte uniquement sur les plaquettes mélangées traitées au psoralène (PMTP), dont la mise en circulation nationale se fait progressivement dans chacun des sites de distribution.
Le tableau 1 ci-dessous vous montre les différentes caractéristiques. (Ce tableau est extrait du chapitre 19 du Guide clinique de la transfusion.)
Tableau 1 : Résumé des caractéristiques des PMTP et des plaquettes non traitées
Caractéristique du composant | Plaquettes mélangées non traitées | Plaquettes d’aphérèse non traitées | Plaquettes mélangées traitées au psoralène (PMTP) |
---|---|---|---|
Volume unitaire moyen (ml) | 317 | 223 | 184 |
Nombre de donneurs dans le composant | 4 | 1 | 7‡ |
Volume plasmatique moyen (ml) | 317 (environ 20 ml pour 3 donneuses + 257 ml de plasma d’un donneur de sexe masculin) | 173 | 75 (environ 11 ml par donneur) |
Numération plaquettaire approx. (x 109 plaquettes par litre) | 1,069 | 1,493 | 1,363 |
Concentration plaquettaire approx. (x 109 plaquettes par litre) | 339 | 333 | 251 |
Solution de resuspension | Plasma | Plasma | Environ 60 % de solution additive pour plaquettes (PAS-E) 40% de plasma |
Anticoagulant | CPD | ACD-A | CPD |
Analyses bactériologiques effectuées par la Société canadienne du sang | Oui | Oui | Non |
Délai typique entre le prélèvement de sang des donneurs et la délivrance du composant à l’hôpital | Jour 3 | Jour 3 | Jour 2 |
Durée de conservation du composant (à partir du prélèvement de sang) | 7 jours | 7 jours | 7 jours* |
Présence de lymphocytes viables | Oui, irradiation requise pour les patients vulnérables | Oui, irradiation requise pour les patients vulnérables | Absence de lymphocytes viables, irradiation non requise pour les patients vulnérables |
‡ Les mélanges de plaquettes traitées au psoralène sont fabriqués à partir de couches leucoplaquettaires de sept donneurs (hommes ou femmes), qui sont mélangées, puis divisées en deux unités aux fins de transfusion. À noter que le rendement plaquettaire des mélanges de plaquettes traitées au psoralène est inférieur à celui des plaquettes mélangées non traitées. * La durée de conservation des PMTP est passée de 5 à 7 jours le 24 avril 2023. |
Pour traiter les plaquettes, la Société canadienne du sang utilise la technologie d’inactivation des agents pathogènes INTERCEPT de Cerus. Cette technologie utilise un composé de psoralène (l’amotosalène) et l’illumination aux UV pour endommager de manière irréversible le matériel génétique présent dans les agents pathogènes, ce qui les rend inactifs.
Dès que les PMTP sont mises en circulation dans un site de la Société canadienne du sang, les plaquettes mélangées non traitées actuellement utilisées cessent d’être produites sur ce site.
Oui, c’est possible. La Société canadienne du sang gère un stock national de plaquettes. Les hôpitaux peuvent donc recevoir des PMTP même si leur site local de la Société canadienne du sang n’a pas encore lancé la fabrication de ce produit plaquettaire.
Oui, c’est possible. La Société canadienne du sang gère un stock national de plaquettes. Les hôpitaux peuvent donc recevoir des produits plaquettaires non traités pour répondre à la demande, et ce, parallèlement au déploiement de la production des PMTP sur le sol canadien.
Les plaquettes d’aphérèse non traitées resteront offertes. Toutefois, les plaquettes d’aphérèse non traitées, qui sont actuellement en suspension dans le plasma, seront mises en suspension dans une solution additive pour plaquettes (examen et approbation par Santé Canada en cours). La Société canadienne du sang prévoit également de réduire la teneur en agents pathogènes de la plupart de nos plaquettes d’aphérèse (examen et approbation par Santé Canada en cours). On parlera alors de plaquettes d’aphérèse traitées au psoralène (PATP).
Oui, une dose jumelée peut être délivrée à un hôpital s’il en fait la demande et si cette dose est disponible. Les plaquettes standard seront délivrées selon leur date d’expiration, sauf indication contraire.
La Société canadienne du sang suivra de près l’évolution de la demande en produits plaquettaires, les éventuels gaspillages et tout changement dans le stock.
Il est prévu que Santé Canada évalue le nombre de leucocytes résiduels, le pH, la concentration plaquettaire, ainsi que les tests de stérilité à la date d’expiration.
Compte tenu de l’élimination d’environ 60 % de plasma et de l’ajout de la solution additive pour plaquettes (PAS), il y aura une baisse de la concentration en anticorps ABO. En revanche, la Société canadienne du sang ne peut rien garantir quant au titrage ABO des PMTP finales. S’ils le souhaitent, les hôpitaux peuvent utiliser un segment de la tubulure d’échantillonnage pour préparer un titrage.
Le psoralène ajouté aux plaquettes est éliminé grâce à un système d’adsorption très efficace à la fin du processus de fabrication. Ainsi, ni les traces éventuelles de psoralène restant ni le processus d’inactivation des agents pathogènes n’ont d’influence sur les analyses de laboratoire.
Les produits plaquettaires non traités (mélangés ou d’aphérèse) doivent être irradiés conformément à la pratique habituelle, en fonction de la situation clinique. La Société canadienne du sang continuera à fournir aux hôpitaux des composants plaquettaires non traités irradiés. Les plaquettes à teneur réduite en agents pathogènes ne doivent pas être irradiées et peuvent être utilisées sans danger chez les patients nécessitant des composants sanguins irradiés.
Les unités de plaquettes à teneur réduite en agents pathogènes n’ont pas besoin d’être irradiées, puisque les leucocytes sont inactivés lors du processus. Dans le cas où celles-ci seraient quand même irradiées, elles peuvent tout de même être transfusées conformément aux recommandations du fabricant.
Les plaquettes HLA et HPA compatibles continueront pour le moment à être fabriquées sans que leur teneur en agents pathogènes soit réduite. À l’avenir, la Société canadienne du sang prévoit réduire la teneur en agents pathogènes de la plupart de nos plaquettes d’aphérèse en stock (dont les plaquettes HLA et HPA compatibles). Les plaquettes dont la teneur en agents pathogènes n’est pas réduite resteront offertes pour certains patients, notamment les patients allergiques au psoralène. Lorsque les plaquettes d’aphérèse à teneur réduite en agents pathogènes seront mises en circulation, les commandes de plaquettes HPA compatibles non traitées devront être faites à l’avance
Non, il ne faut pas réduire le volume d’une unité de PMTP avant une transfusion. La réduction du volume (centrifugation et élimination des surnageants) risquerait d’entraîner un agrégat plaquettaire en raison d’une surface trop importante par rapport au volume.
Oui, on peut obtenir des aliquotes tant qu’il reste un volume résiduel minimal de 135 ml dans le sac de plaquettes. Autrement dit, s’il reste 135 ml ou moins dans le sac de plaquettes, il n’est plus possible d’utiliser le composant plaquettaire ni d’obtenir des aliquotes.
Non, les composants plaquettaires non traités sont moins concentrés que les PMTP. La concentration finale des PMTP est environ 1,4 fois supérieure à celle des plaquettes mélangées non traitées (voir tableau 1).
Oui. Une fois le bulbe retiré, la longueur de la tubulure restante est d’environ 8 cm. Cela devrait suffire pour raccorder un autre sac selon la soudeuse utilisée.
Oui, les patients peuvent recevoir à la fois des plaquettes non traitées et des PMTP pour répondre à leurs besoins de transfusion.
Oui, les PMTP et les plaquettes non traitées (d’aphérèse ou mélangées) peuvent être suspendues dans la même tubulure, à condition que la date d’expiration du tube ne soit pas dépassée.
Non. Les PMTP peuvent être transfusées au même débit que les plaquettes non traitées (d’aphérèse ou mélangées). Ce débit doit être conforme aux politiques de l’hôpital.
Aucune prémédication n’est spécifiquement requise avant la transfusion de composants PMTP.
Chez l’adulte, un composant PMTP sera équivalent à un composant plaquettaire non traité (mélangé ou d’aphérèse).
Chez les patients néonataux et pédiatriques, la dose recommandée pour une transfusion de PMTP et de plaquettes non traitées est indiquée dans la circulaire d’information de la Société canadienne du sang.
Les PMTP ne sont pas indiquées pour les nouveau-nés subissant une photothérapie à l’aide d’un dispositif émettant un rayonnement d’une longueur d’onde d’énergie maximale inférieure à 425 nm ou présentant une longueur d’onde d’émission minimale inférieure à 375 nm, du fait du risque d’érythème résultant de l’interaction entre la lumière ultraviolette et l’amotosalène. La photothérapie à lumière bleue/verte à des longueurs d’onde maximum de 450-460 nm est la norme de soins actuelle pour le traitement de l’hyperbilirubinémie néonatale au Canada.1
Après la transfusion d’un grand volume de plaquettes dans un cas de PCE ou de puvathérapie, il y a un risque théorique d’inactivation des globules blancs si le patient est exposé à une longueur d’onde d’énergie maximale inférieure à 425 nm ou à une longueur d’onde d’émission minimale inférieure à 375 nm. Aucun cas de préjudice n’a été signalé.
Les données actuelles semblent indiquer que la numération plaquettaire absolue et le rendement plaquettaire transfusionnel résultant de l’administration d’un mélange de plaquettes traitées au psoralène sont plus faibles que ceux associés aux plaquettes non traitées. S’agissant de la numération plaquettaire absolue sur 24 heures, l’écart moyen rapporté est de -4,1 (intervalle de confiance à 95 %, ‑7,16 à -1,04) et -8,3 (intervalle de confiance à 95 %, -9,82 à -6,06) dans des études sur la transfusion d’une unité et de plusieurs unités de plaquettes, respectivement. Il n’y avait aucune différence en termes d’hémorragie. Par ailleurs, seuls 7 % des patients atteints d’un cancer hématologique et ayant reçu des plaquettes à teneur réduite en agents pathogènes ont eu besoin de transfusions de plaquettes supplémentaires par rapport aux patients ayant reçu des plaquettes non traitées.2
Non, les données actuelles ne semblent pas indiquer de risque d’augmentation de l’allo-immunisation anti-HLA. Il existe des données contradictoires quant aux taux d’allo-immunisation en raison des différentes manières de préparer les plaquettes à teneur réduite en agents pathogènes et des technologies utilisées dans les essais cliniques. Dans l’ensemble, il ne semble pas y avoir de changement du taux d’allo-immunisation avec les plaquettes INTERCEPT.3