FAQ : le parvovirus B19 à la Société canadienne du sang

Auteurs : Nicole Relke, MD, FRCPC; Mark Bigham, MD, MHSc, FRCPC; et Aditi Khandelwal, MSc, MD, FRCPC, DRCPSC.  

Date de publication 20 novembre 2025

Principal public cible : personnel hospitalier en médecine transfusionnelle 

Généralités 

Les établissements de fractionnement du plasma transmettent à la Société canadienne du sang les résultats des tests d’amplification des acides nucléiques (TAN) réalisés pour détecter la présence du parvovirus B19. Ces résultats peuvent entraîner le rappel de produits non périmés. L’hôpital qui a reçu le(s) composant(s) sanguin(s) pourrait être tenu de procéder à un suivi et, si les produits ont été transfusés, à prendre des mesures de gestion supplémentaires. 

 

Foire aux questions

1. Qu’est-ce que le parvovirus B19? 

Le parvovirus B19 est un petit virus ADN sans enveloppe pouvant être transmis par transfusion1. Il peut résister aux méthodes de réduction des agents pathogènes utilisées dans la fabrication des produits plasmatiques. L’infection au parvovirus B19 est une infection aiguë courante d’origine communautaire. La plupart des adultes présentent des signes d’exposition antérieure à une infection naturelle. Sa transmission est surtout attribuable aux sécrétions respiratoires, mais une transmission verticale (c’est-à-dire d’une mère infectée à son fœtus) est également possible. Les épidémies périodiques peuvent entraîner des infections communautaires.1

2. Quels sont les symptômes d’une infection au parvovirus B19?

La plupart des infections au parvovirus B19 sont asymptomatiques. Les symptômes peuvent inclure une maladie de type grippale (fièvre, maux de tête, frissons, nausées, diarrhée, arthralgie), qui disparaît après une ou deux semaines. Habituellement, le parvovirus B19 cause un érythème infectieux (aussi appelé cinquième maladie) caractérisé par une éruption rouge sur les joues, comme si la personne avait reçu une gifle. Cette éruption faciale est parfois suivie d’une éruption en forme de filet sur le torse et aux extrémités. Les adultes sont moins susceptibles de développer une éruption cutanée, mais ils courent un risque accru de souffrir de polyarthropathie.  

The time course of parvovirus B19 infection is shown in Figure 1.

Des anomalies hématologiques (p. ex. réticulocytopénie, anémie, leucopénie ou thrombocytopénie) peuvent se manifester chez les personnes immunocompétentes. Une baisse du nombre de réticulocytes peut survenir au quatrième jour, atteindre un pic au huitième jour et disparaître au dix-huitième jour. Suivant l’acquisition du parvovirus B19, une virémie peut se développer dès le sixième jour, parfois même avant que les symptômes ne se manifestent. Le sang risque donc d’être infectieux pendant une certaine période, même en l’absence de symptômes chez le donneur. 

Le virus peut persister chez les patients immunocompromis et causer une infection à long terme. 

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Durée d’un cas typique d’infection au parvovirus B19 chez un adulte immunocompétent.

 

Figure 1. Durée d’un cas typique d’infection au parvovirus B19 chez un adulte immunocompétent. Les événements hématologiques soulignent une déviation par rapport aux valeurs normales dans le cas des cellules sanguines associées à une virémie causée par le parvovirus B19. Remarque : dans cette figure, la durée de la virémie est celle d’une personne immunocompétente. Elle pourrait être plus longue chez une personne immunocompromise.

3. Certaines personnes sont-elles plus à risque de présenter des complications?

Oui. Les receveurs présentant un risque accru de développer des complications graves en cas d’infection au parvovirus B19 sont les suivants :  

  • personnes enceintes ou en âge de procréer – risque de transmission maternelle au fœtus entraînant des complications (telles que l’anémie fœtale ou la mort), surtout au début de la grossesse; 
  • patients immunocompromis – les receveurs de moelle osseuse ou d’un organe solide, ou encore ceux qui souffrent d’un trouble hématologique sous-jacent, risquent de développer une érythroblastopénie ou une pancytopénie;
  • patients atteints d’un trouble hémolytique – les patients dont la période de survie des globules rouges est réduite (p. ex. ceux qui souffrent de drépanocytose, de thalassémie ou d’hémolyse congénitale) courent un risque accru de subir une crise aplastique.

4. Quel est le risque de transmission du parvovirus B19 par le sang?

Environ une semaine après l’exposition au virus, une virémie à titre élevé durant généralement plus ou moins cinq jours peut être associée à une infection aiguë au parvovirus B19. Dans de rares cas, une transmission par le sang ou par des produits dérivés du plasma a été rapportée, habituellement lorsque les niveaux d’ADN viral sont ≥ 107 UI/ml. Les technologies de réduction des agents pathogènes utilisées pour les plaquettes et les produits plasmatiques sont moins efficaces contre le parvovirus B19. Toutefois, le véritable risque de transmission virale reste inconnu pour différentes raisons, notamment les suivantes :

  • plusieurs personnes qui reçoivent une transfusion sont immunisées contre la transmission virale grâce à une infection antérieure;
  • le risque d’exposition communautaire est élevé;
  • l’infection est asymptomatique et non reconnue cliniquement.  

5. Dans quelles circonstances un donneur de plasma doit-il subir un test de dépistage du parvovirus B19?

À l’heure actuelle, la Société canadienne du sang ne procède pas au dépistage du parvovirus B19, car le Règlement sur le sang ne l’exige pas pour la mise en circulation des composants sanguins labiles au Canada. Toutefois, comme le parvovirus B19 n’est pas soumis à la réduction des agents pathogènes, Santé Canada demande aux établissements de fractionnement du plasma de procéder au dépistage du parvovirus B19 dans les bassins de plasma afin de minimiser les risques. Parallèlement, aux États-Unis, la FDA exige que le plasma recueilli utilisé pour la fabrication de produits contienne ≤ 104 UI/ml d’ADN B19, car des niveaux plus élevés ont déjà été associés à une transmission par transfusion. Les entreprises de fractionnement du plasma effectuent des tests de qualité (TAN) pour dépister le parvovirus B19. Ils communiquent ensuite les résultats à la Société canadienne du sang dans des délais qui pourraient entraîner le rappel de produits non périmés. 2

6. Pourquoi la Société canadienne du sang recueille-t-elle de l’information sur le parvovirus B19 auprès des établissements de fractionnement? Que fait-elle dans le cas des résultats positifs?

Comme le parvovirus B19 peut être transmis par les produits sanguins, les établissements de fractionnement doivent aviser la Société canadienne du sang si l’échantillon d’un donneur présente un titre d’ADN de parvovirus B19 > 10UI/ml. Dans de tels cas, la Société canadienne du sang rappelle tous les composants sanguins recueillis dans les trois semaines suivant la collecte du don contaminé (période potentielle d’infectiosité du sang). Elle avise ensuite l’hôpital du résultat positif et procède au suivi de l’épidémiologie du parvovirus B19 dans les dons de plasma.

7. J’ai reçu un avis de rappel de la Société canadienne du sang, car un donneur a obtenu un résultat positif à un TAN réalisé pour dépister le parvovirus B19. Qu’est-ce que cela signifie pour un patient qui a reçu une transfusion sanguine potentiellement

Au Canada, la plupart des adultes ont déjà été infectés par le parvovirus B19 et sont protégés contre toute nouvelle infection. Toutefois, si une personne non immunisée reçoit une transfusion sanguine potentiellement contaminée, elle pourrait développer une infection entre quelques jours et quelques semaines après sa transfusion.

Par ailleurs, si un patient reçoit un cocomposant sanguin (p. ex. plaquettes ou globules rouges) d’un donneur qui obtient ultérieurement un résultat positif à un test de dépistage du parvovirus B19, nous recommandons de réviser le dossier du patient afin de déterminer si une enquête plus approfondie est souhaitable et si l’équipe clinique doit en être avisée. Dans certains cas, il peut être utile de consulter le médecin traitant du patient. Les produits plaquettaires ne font pas exception, car les technologies de réduction des agents pathogènes actuellement utilisées pour la fabrication ne réduisent que partiellement les niveaux de parvovirus B19.

Si une infection transmise par transfusion est soupçonnée, le receveur doit en être avisé, surtout s’il présente un risque accru de complications graves, comme cela est indiqué à la question 3. À sa discrétion, le médecin traitant pourrait décider de faire subir divers tests au receveur (p. ex. hémogramme complet, numération des réticulocytes, ADN du parvovirus B19, IgG, IgM).

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Algorithme suggéré pour le personnel hospitalier responsable de la transfusion pour gérer un rappel de produits en raison de l’obtention d’un résultat positif à un TAN.

Figure 2. Algorithme suggéré pour le personnel hospitalier responsable de la transfusion pour gérer un rappel de produits en raison de l’obtention d’un résultat positif à un TAN. † Lorsque cela est exigé, signaler toute infection possible au parvovirus transmise par transfusion aux autorités de santé publique.3

8. J’ai déterminé qu’une infection au parvovirus B19 transmise par transfusion s’est produite. À qui dois-je le signaler?

Signaler toute infection possible au parvovirus B19 transmise par transfusion à la Société canadienne du sang. Dans certaines provinces (p. ex. Alberta et Territoires du Nord-Ouest), vous devez signaler toute infection au parvovirus B19 aux autorités de santé publique provinciales3

Ressources supplémentaires

Information de l’Association for the Advancement of Blood and Biotherapies (AABB) sur le parvovirus B19 :

Citation suggérée

Relke, N., Bigham, M. et Khandelwal, A. (x octobre 2025) FAQ : parvovirus B19 à la Société canadienne du sang. Société canadienne du sang. Mois, jour, année tirés de : FAQ : le parvovirus B19 à la Société canadienne du sang | Développement professionnel

Bibliographie

  1. Viral agents (2nd section). (2024). Transfusion, 64(S1), S105-S107. https://doi.org/https://doi.org/10.1111/trf.17630
  2. Drews, S. J., Charlton, C., O'Brien, S. F., Burugu, S., & Denomme, G. A. (2024). Decreasing parvovirus B19 and hepatitis A nucleic acid test positivity rates in Canadian plasma donors following the initiation of COVID-19 restriction in March 2020. Vox Sang, 119(6), 624-629. https://doi.org/10.1111/vox.13616
  3. Territories, G. o. N. (2023). Parvovirus B19 (Fifth Disease).  Retrieved from https://www.hss.gov.nt.ca/professionals/en/services/communicable-disease-manual/parvovirus-b19-fifth-disease?